Education et animations extrascolaires a Madagascar

Posted by: elena Category: Nos volontaires témoignent 0 Post Date: 2024-04-12

Education et animations extrascolaires a Madagascar

Partez pour Madagascar, pour une belle aventure d’apprentissage et de découverte, avec le SVI, comme l’a fait Isabelle Vandeville ! Retrouvez son témoignage plus que sincère ci-dessous:

4 février 2023, départ pour Madagascar.

Je m’envole pour l’île de Nosy Komba, l’ile aux lémuriens.

Après une nuit dans l’avion, me voici à l’aéroport de Nosy Be, un taxi m’y attend pour me déposer au port d’HellVille où je prendrai la pirogue (1h). Puis 1h30 de montée, sous 30° et un taux d’humidité de 90%. C’est la pleine saison des pluies, le sol argileux est très glissant! J’arrive enfin dans le village d’Anketsabe à 460m d’altitude, mon sac de 23 kg (essentiellement des livres à offrir) sur les épaules!

C’est là-haut, sur les pentes de cette île volcanique, au cœur de la forêt tropicale, qu’est installée l’association malgache qui m’accueille, AKIBA, qui signifie patrimoine en dialecte Sakalava. Cette association travaille  à la protection de l’environnement naturel et social, et au déploiement de l’éducation afin d’aider les habitants de Nosy Komba à avoir accès à une vie décente, tout en préservant leur milieu. Elle gère un éco village, une ferme intégrée en agroforesterie et une école de 115 élèves (de la maternelle à la 6eme).

A Nosy Komba comme à Madagascar, l’instruction est une réelle problématique. Les enfants commencent souvent tard leur instruction car ils doivent soutenir leur famille, et quittent l’école après quelques années sans avoir acquis les notions de base. Ainsi 80% des enfants d’agriculteurs à Madagascar arrivent à l’âge adulte sans savoir lire ou écrire correctement le malagasy ou le français (langue de l’administration). A Nosy Komba chaque année, moins de 2 élèves sur les 40 inscrits obtiennent le BEPC.

Je vais pour ma part rejoindre la classe de 6ème. Un maitre malgache est référent de cette classe et ne demande qu’à être accompagné en terme de pédagogie et de pratique de la langue française. En effet, les cours se déroulent exclusivement en français, sauf pour le malagasy et l’anglais! La classe vient d’ouvrir cette année.

Je découvre 14 élèves de 10 à 15 ans, 11 filles, 3 garçons.

Je découvre 14 élèves pour qui l’école est un plaisir, pour qui apprendre est une chance qu’ils saisissent chaque jour. Lorsque le sifflet retentit annonçant le début des cours, des hurlements de joie retentissent.

Caserta, chaque matin, pieds nus, fait plus d’une heure de marche sur des “sentiers” escarpés. Elle est toujours la première arrivée (l’école débute à 8h). Debout dès 5h du matin, elle s’est au préalable lavée dans la rivière, a cuisiné pour sa famille (au feu de bois) et s’est occupée d’habiller sa fratrie. Les autres élèves ont tous au minimum 30 minutes de marche (sauf 4 “internes” accueillis par l’association de manière permanente) et les mêmes rituels matinaux.  Après la classe, ils repartent aider leurs familles aux tâches quotidiennes ou aux activités agricoles.

Je redécouvre avec ces enfants le plaisir de transmettre. Sans accès à la technologie, la créativité prend plus de place !

Ils sont curieux, questionnent beaucoup, participent.

Je mets en place des activités “théâtre”, “improvisation” pour aborder le français autrement. Je garderai longtemps en mémoire les rires qu’a générés la séquence diction “Le chasseur chasse avec son chien pendant la sécheresse”, “Natacha n’attacha pas son chat Pacha qui s’échappa”…

Autre séquence marquante, lecture de paysage au sommet de l’île (Bongo village). 45 min de marche sur des sentiers pentus où se promènent les zébus. Les élèves sont capables d’identifier les nuages présents en les nommant (cumulus, altocumulus…), de prédire la météo (l’espèce de grenouille qui coasse en imitant le zébu indique une pluie imminente), de repérer toutes les sources de nourriture présentes dans l’environnement, de m’expliquer le rôle de la forêt primaire du Lokobe qui nous fait face…”Merci pour cette journée, nous avons pu passer du temps ensemble avec les copains, en dehors de la classe, dessiner et apprendre” – Eliot

Je me vois offrir régulièrement des avocats, pamplemousses, ramboutans (sorte de litchi). Les enfants m’initient au dancehall, me tressent les cheveux, m’invitent à la cueillette dans les arbres près de leurs maisons, à assister à la messe avec eux, à aller me baigner dans une cascade, à comprendre les règles du tchoukball…, ils m’ouvrent les portes de leurs vies.

J’ai eu la chance, le 8 mars de participer à la “journée de la femme”. Ce jour là, aucune femme de l’île ne travaille. J’ai emmené mes élèves à pied (1h de marche) à Ampangorina (plus important village de l’ile) toutes les communautés de Nosy Komba y sont réunies, s’enchaînent alors défilés et danses traditionnelles. Le spectacle fut merveilleux et riches en couleurs.

Le soir après les cours (classe de 8h à 12h et de 14h à 16h du lundi au vendredi), je participe à la vie du village (tri du cacao, séchage de la vanille, distillerie d’huile essentielle de citronnelle, épluchage de cola, cuisine…). Je m’initie également à la couture, ayant emporté avec moi une machine à coudre comme bagage à main! En effet, l’association souhaitait offrir à chaque élève de 6eme des serviettes hygiéniques lavables.

Pendant 45 jours je me suis douchée à l’eau froide, j’ai côtoyé serpents et araignées, mangé du riz 3 fois par jour, réappris à faire ma lessive à la main, dormi dans un duvet humide en permanence, eu un accès très restreint au téléphone et à internet (1 appel par semaine) …  J’ai réappris à vivre simplement et j’ai aimé ce retour aux essentiels. Je l’ai bien vécu car j’étais entourée de personnes heureuses, libres, généreuses, souriantes, courageuses et reconnaissantes.

Je suis repartie les bras pleins de dessins, de courriers et le coeur rempli d’amour et de souvenirs.”

“Isabelle, tu es une belle maîtresse. Tu es une bonne maîtresse . Je ne t’oublie pas.  Tous les cours que tu nous a donnés c’est notre souvenir. Quand je révise les cours je me souviens de toi. Merci de me donner des souvenirs”. Elina

Le lien vers le projet Education et animations extrascolaires: https://www.servicevolontaire.org/mission-volontariat/fr/partir-en-volontariat-a-letranger/?id=42b09cfc-1170-11ec-8fb5-fa163ef8d720

 

 

 

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